Le village de Mont-devant-Sassey a lui-même abrité pendant un siècle une fonderie de cloches réputée dans toute la France.
Elle était construite en pierres locales, un peu à l’écart du village par crainte des incendies. De plan carré, elle était surplombée d’un lanterneau à volets destinés à la ventilation pendant les coulées : les gaz toxiques pouvaient s’échapper par les ouvertures.
Au départ, Claude-Alexis Farnier est un saintier, c’est-à-dire un fondeur ambulant. Mais il se fixe à Mont dès 1826. Il y meurt du choléra en septembre 1854, en même temps que 3 de ses enfants. Son fils Gustave, puis à sa suite son petit fils Charles, assureront la prospérité de l’entreprise jusqu’en 1908 où la famille est entièrement décimée par l’épidémie de grippe.
Il est difficile de quantifier la production des Farnier mais on estime que 1226 grosses cloches au moins sont sorties de la fonderie fixe de Mont, sans compter les petites cloches et les carillons! La plus grosse cloche recensée pesait 5724 kg, celle du petit bourdon de la cathédrale de Verdun 2900 kg. Cette production était vendue dans toute la France et aussi dans les colonies. Mais cette activité très artisanale s’avéra très fragile et ne résista pas à la loi de séparation de l’Église et de l’État. La veuve de Charles Farnier fit alors publier un petit article dans la Semaine Religieuse de Verdun afin d’inviter les curés et paroisses à lui adresser des commandes, mais le résultat ne fut pas suffisant et la fonderie ferma définitivement en 1908.
Les cloches en bronze étaient fabriquées par le procédé de la cire perdue. La fonderie était dotée d’un grand four à réverbère circulaire surmonté de deux cheminées. Les moules complets suspendus à un pont roulant ou à une grue étaient descendus dans la fosse de coulée située en contrebas du four.
Pour le décor des cloches, le fondeur disposait d’une collection de matrices en bois ou en plâtre gravées en creux : il réalisait des motifs et inscriptions personnalisés par moulage à la cire d’abeilles.
Un « souvenir » des saintiers de Mont-devant-Sassey demeure au village : la tombe de la famille Farnier, dans le vieux cimetière, rappelle l’épidémie de choléra qui décima une partie des villageois en 1854.
Le 31 aout à 9h du matin mourut Adolphe Farnier (fils du fondateur) puis, à 15h décéda sa fille Marie âgée de 5 mois. Le 2 septembre Alexis fut emporté à son tour et trois jours plus tard Zoé âgée de trois ans, succomba. Sur la tombe familiale on remarque une pierre portant un creux de forme circulaire, ancien emplacement d’une petite cloche (flèche) scellée à cet endroit pour entretenir la mémoire des fondeurs de Mont. La légende raconte qu’elle était en or ! Et c’est peut-être vrai car elle ne fut pas longue sur cette tombe… !
Sous la tribune d’orgues, deux expositions vous attendent. une exposition permanente vous raconte l’histoire des fondeurs de cloches de Mont-devant-Sassey et notamment de la famille Farnier installée dans le village depuis 1826. Les panneaux didactiques vous expliquent la fabrication des cloches et une vitrine vous montre quelques empreintes des délicats motifs décoratifs qu’on leur appliquait.
En sortant de l’église, regardez vers le sud, face à vous : à l’autre bout du village, vous distinguerez un curieux édifice carré surmonté d’un clocheton. C’est l’ancien atelier de la famille Farnier, décimée par le choléra au début du XXe siècle. Entre 1200 et 1700 cloches auront été fondues à cet endroit.
L’art campanaire a porté jusqu’à l’étranger pendant des décennies le nom de Mont-devant-Sassey.