La nature du sol de Mont, qui a favorisé la culture de la vigne et des orties, l’agriculture ou la production des arbres fruitiers, a aussi fourni en abondance au village l’eau dont il avait besoin pour toutes ses activités. Mont-devant-Sassey, à proximité de la Meuse, est situé sur un très important aquifère et, depuis toujours, l’eau affleure à certains endroits. Elle crée des zones humides (gravières et plans d’eau de la vallée) ou jaillit sous forme de sources résurgentes (comme sous la chapelle Notre Dame protectrice des petits enfants).
Les rues et places de Mont-devant-Sassey bruissent nuit et jour depuis des siècles du gargouillis des fontaines, lavoirs et abreuvoirs, parfois véritables éléments d’architecture constituant un patrimoine particulièrement touchant parce que témoin de la vie quotidienne depuis plus de 1000 ans.
Jusqu’aux XVIIIe et XIXe siècles, de terribles épidémies ont souvent été causées par des eaux stagnantes de mauvaise qualité. À Mont-devant-Sassey comme partout ailleurs, on utilisait indifféremment les mêmes bassins pour prélever l’eau alimentaire, laver le linge ou abreuver les animaux.
Après 1789, l’État charge les municipalités de la distribution de l’eau pour garantir à tous les citoyens de bonnes conditions de salubrité. Dans les villes et les villages, on fait appel aux meilleurs architectes et on met en œuvre les progrès scientifiques (hygiène) et techniques (nouveaux procédés de captage, constructions) pour procurer un meilleur confort aux citoyens et aux lavandières.
Fin XVIIIe siècle, on tente autant que possible de donner au lavoir une position centrale dans le village ou le tissu urbain : il devient un point d’articulation, un lieu de rencontre où seules les femmes se retrouvaient autour de la corvée de lessive… Un lieu où s’échangeaient tous les commérages, où se réglaient les conflits.
En Meuse, ils ont souvent été couverts. Les plus simples sont en bord de rivière, souvent protégés par un toit et entourés de parois en pans de bois ou en torchis, en pierre ou en briques.
Le lavoir de la rue de la Rochelle est simplement surmonté d’une charpente posée sur des piliers et d’un toit en tuiles à double pente pour protéger les lavandières.
La mairie-lavoir de Mont-devant-Sassey, rue d’Andenne, est classée aux Monuments Historiques. C’est un édifice très rare qui date de 1825. L’architecte Théodore Oudet a bâti une mairie en réutilisant le lavoir existant. On accède aux (anciens) locaux de la municipalité par un escalier à double volée.
Cette mairie-lavoir était le centre de la vie politique et sociale du village et symbolisait la répartition sexuée des rôles : à l’étage, le bureau des hommes qui débattaient des affaires publiques et au-dessous l’espace de travail des femmes qui réglaient entre elles les affaires privées, domestiques, voire intimes, qui discutaient de l’hygiène et de la propreté de la maisonnée. Il devait y avoir de l’ambiance autour du bassin !
Les lavandières et laveuses se rendaient presque tous les jours au lavoir avec leurs brouettes qu’elles laissaient à l’entrée et qui témoignaient de l’activité des lieux. Lors des réunions du Conseil Municipal, l’acoustique de l’endroit faisait que chacun entendait les conversations de l’autre !
Vu son importance au centre de la communauté, l’édifice a été particulièrement soigné tant d’un point de vue architectural que sur le plan du choix des matériaux, ceux habituellement réservés aux édifices nobles : pierre de taille du pays, couverture en ardoises reposant sur une charpente en chêne, niches et ferronneries…
Dans les lavoirs ou disposées aux coins des rues, plusieurs fontaines alimentaient aussi le village. Elles étaient avant tout destinées à faciliter l’existence quotidienne des habitants en amenant l’eau jusqu’à proximité immédiate des maisons et des étables (pour les bêtes). Mais elles étaient aussi un lieu de rencontre obligé et une occasion de doter les municipalités d’œuvres qui contribuent à leur embellissement…
À Mont-devant-Sassey, les fontaines-abreuvoirs étaient très simples, à une seule arrivée d’eau prolongée par un bassin rectangulaire en pierre qui servait d’abreuvoir à débordement, sans aucun décor sculpté.
Dans les années 1970, toutes les fontaines du village avaient été abandonnées, comblées ou revendues pour que les habitants utilisent l’adduction d’eau… qui avait été si couteuse à installer ! Beaucoup d’efforts ont été nécessaires depuis une vingtaine d’années pour les remettre en service et les mettre en valeur. Celles qui sont asséchées font désormais office de jardinières…